La consommation d'alcool en France est
responsable de 41 000 décès par an dont 16 000 par cancer et représente
la 1ère cause d'hospitalisation. Elle constitue une priorité
de santé et le sujet que la classe politique préfère éviter. En effet,
les préoccupations de santé publique en matière de risque alcool, et
surtout les moyens pour y remédier déclenchent invariablement
l'opposition de lobbies économiques, celui de l'alcool, mais aussi ceux
de la publicité et des médias.
La loi Evin très affaiblie
La France dispose pourtant de la loi du 10
janvier 1991 (dite loi Evin) dont la pertinence et la logique
visionnaire a été démontrée depuis sa promulgation il y a 31 ans. Cette
loi est une référence pour l'ensemble des acteurs de santé publique dans
le monde. Elle est efficace et c'est pour cette raison qu'elle est
constamment attaquée par de puissants lobbies qui l’ont affaiblie à
plusieurs reprises (retour de l'affichage, autorisation des buvettes
dans les clubs amateurs, publicité sur internet, élargissements des
critères autorisés pour la publicité pour "mettre en valeur les
terroirs").
La France un pays très consommateur d'alcool
Cette complaisance à l'égard de l'alcool dans un
des pays où l'on consomme le plus (11,6 litres d'alcool pur par
personnes et par an) contraste avec les conséquences sanitaires parmi
les plus élevées d’Europe.
L’alcool est la drogue la plus expérimentée par
les adolescents jusqu'à l'ivresse (à 17 ans, 44% déclarent une
alcoolisation ponctuelle excessive dans le mois selon l'OFDT). C'est
aussi un produit qu’un mineur peut acheter sans difficulté (dans 90% des
cas, selon une étude rendue publique par Addictions France en octobre
2021). Or, si toute consommation d'alcool présente un risque (expertise
collective de l'INSERM, juin 2021), elle est encore plus toxique pour
les jeunes dont le cerveau n'est pas arrivé à maturation.
Une prise de conscience de la dangerosité de l'alcool
Cependant, l'opinion change plus rapidement que
la classe politique car les préoccupations de santé progressent dans la
population. Deux exemples en témoignent : l'échec de la remise en cause
du sponsoring sportif pour réintroduire l'alcool pendant les matchs de
football, et la grande popularité du Défi de janvier qui consiste à
s’abstenir de consommer de l’alcool pendant un mois, malgré l’absence de
soutien officiel à cette manifestation portée par les associations. Au
contraire, limiter la promotion publicitaire, informer clairement les
consommateurs sur les risques liés à l'alcool, y compris pendant la
grossesse font toujours l’objet d’un inlassable combat.
Des mesures à mettre en oeuvre bien connues
Pourtant, les mesures à prendre sont parfaitement
connues grâce aux recommandations de l'OMS et aux expertises menées par
Santé publique France, l'Inca et l'Inserm, notamment l’instauration d’un
prix minimum comme en Ecosse. Face à un problème de santé publique dont
le coût social s’élève à 120 milliards d’€ par an, ce n'est pas
l'absence de solutions qui empêchent d'agir, c'est le courage politique.
Nos questions
1.
Instaurerez-vous
un prix minimum par unité d'alcool ?
3.
Soutiendrez-le «
Défi de janvier », opération de mobilisation sociale ?