Des associations, des journalistes et des particuliers nous ont signalé que nos 16 questions étaient très hétérogènes et qu'il serait préférable de classer les candidats sur les trois problèmes sur lesquels notre groupe attire l'attention des politiques depuis 1988. Cette remarque nous semble fondée et nous avons fait un tel classement avec le communiqué ci-dessous rendu public le 16 avril, recentré sur ces trois problèmes majeurs. Les notations n'ont pas été modifiées et chacun pouvait déjà faire ce calcul avec les tableaux et les résultats détaillés qui sont sur le site. Alcool, tabac, vitesse inutile et dangereuse représentent des dangers actuels et bien identifiés, l'obésité sera un média majeur du malheur humain à venir, comme les altérations de notre environnement, l'épidémiologie est l'outil indispensable pour fonder les décisions. Enfin le referendum est le moyen d'introduire la démocratie directe dans la gestion des problèmes de société. En fonction de ses priorités chaque électeur peut se déterminer en donnant un poids spécifique à chacun de ces aspects de la sécurité sanitaire.


Le communiqué ci-dessous a été adressé à l'AFP et à l'APM.

Les réponses des quatre principaux candidats aux questions

posées par les « cinq sages » sur les épidémies industrielles

Gérard Dubois, Claude Got, François Grémy, Albert Hirsch, Maurice Tubiana

16 avril 2007

 

Quand les maladies infectieuses, autrefois si redoutées, ne représentent plus que 2% de la mortalité en France, les épidémies industrielles secondaires à la fabrication, la diffusion et l’utilisation de substances, produits ou objets fabriqués ou transformés par l’homme (tabac, alcool, aliments, véhicules, amiante) sont la cause de la plus grande part des décès évitables dans les pays développés dont la France. Ces causes ont de fortes implications économiques et bénéficient du soutien de puissants groupes de pression. Dans ces domaines, la prévention doit toujours s’appuyer sur une base scientifique solide mais elle doit dorénavant intégrer les dimensions médiatiques, juridiques, politiques et même diplomatiques.

Dans ces conditions, poser des questions précises aux candidats à la présidence de la République permet de tester leur désir sincère d’améliorer la santé des Français et depuis 1988, à l’exception de 2002, nous les avons interrogés dans ce sens. Cette fois-ci, tous les candidats ont été interrogés. Dominique Voynet est hors concours par l’expression d’un accord quasi-complet à nos propositions. Cependant nous ne nous intéresserons qu’aux quatre candidats les mieux classés par les sondages. L’un d’entre eux, Jean-Marie Le Pen, n’a pas répondu. De plus, des réponses partielles données lors d’interviews le disqualifient nettement sur le thème de la santé publique.

En ce qui concerne les trois candidats restants, Francois Bayrou, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy (dans l’ordre alphabétique), les réponses sont unanimes en faveur de la constitution d’un système d’information directement accessible par l’Internet des diagnostics amiante des bâtiments, pour refuser toute amnistie routière et de façon plus surprenante pour s’opposer à la création d’un vrai bonus/malus dissuadant l’achat et l’usage de véhicules gaspilleurs de dérivés du pétrole et destructeurs du climat. Dans ce domaine, les politiques continuent de regarder brûler la maison.

Sur la mise en place de moyens mieux dimensionnés pour la recherche épidémiologique en France, le peu d’intérêt de Ségolène Royal étonne. Sur le referendum d’initiative populaire François Bayrou l’accepte pour les « grands projets de réforme », Nicolas Sarkozy est favorable au « referendum abrogatif » et au referendum obligeant le Parlement à étudier un texte de loi, cette dernière formule est la seule acceptée par Ségolène Royal.

Ces points précisés, de nombreuses divergences existent comme le montre le tableau suivant présentant les notes de chaque candidat :

 

tabac

alcool

alimentation

Sécurité routière

 
F. Bayrou

4 / 6

3 / 9

6 / 9

6 / 9

19 / 33
S. Royal

4 / 6

6 / 9

3 / 9

5 / 9

18 / 33

N. Sarkozy

1 / 6

2 / 9

6 / 9

7 / 9

16 / 33

François Bayrou et Ségolène Royal marquent un net avantage sur Nicolas Sarkozy en ce qui concerne la prévention du tabagisme (protection des non fumeurs et augmentation des prix).

Ségolène Royal se distingue nettement en ce qui concerne la prévention de l’alcoolisme (rétablissement de la loi Evin sous sa forme initiale, indication du poids d’alcool dans chaque contenant, suppression du Conseil de la modération et de la prévention) mais faiblit sur la prévention de l’obésité (encadrement de la publicité, étiquetage informatif, suivi de la population scolaire) où F. Bayrou et N. Sarkozy font jeu égal.

N. Sarkozy se rattrape en ce qui concerne la sécurité routière (amnistie, limitation de vitesse à la construction, signalétique) mais les différences sont faibles entre les trois candidats.

Au total, sur ces mesures de politique publique nécessaires à l’amélioration de l’état de santé des Français, F. Bayrou et S. Royal sont dans un mouchoir, N. Sarkozy en retrait du fait d’une plus grande sensibilité aux arguments des lobbies du tabac et de l’alcool, produits qui totalisent 100 000 décès chaque année en France. Il reste que sur 33 points possibles, les deux meilleurs ne dépassent que de peu la moyenne.

Le texte intégral des réponses des candidats, les notes et nos commentaires sont accessibles sur le site www.securite-sanitaire.org .