les médicaments

En France, la dépense en produits pharmaceutiques par personne a doublé entre 1980 et 2015. Elle représente 1,7% du PIB, pour une moyenne européenne de 1,2%. Les causes de cette surconsommation médicamenteuse relèvent principalement des dysfonctionnements du système qui autorise la mise sur le marché et qui en assure le suivi, et de la participation des producteurs des médicaments à leur marketing lors de la formation médicale continue.

La régulation du marché du médicament

La mise sur le marché d’un médicament est conditionnée aux caractéristiques du produit démontrées par des études répondant à des critères acceptés par la communauté scientifique. Le produit doit être efficace, son efficacité doit être comparée à celles des produits d’une même classe thérapeutique, son efficacité doit être assurée lorsque son usage passe de la phase d’essai à la phase de commercialisation, la surveillance de son usage doit s’assurer de l’absence de survenue d’effets toxiques. Enfin, les indications de la prescription du produit doivent être réservées aux maladies dans lesquelles l’efficacité du produit est démontrée.

Les exemples de dysfonctionnement de ces procédures sont multiples, qu’il s’agisse de la méconnaissance de signaux importants  lors de l’affaire du Mediator, de la création de fausses alerte lors de la vaccination contre l’hépatite B, de l’abus des psychotropes entrainant une dépendance à ces produits, des risques de thrombose veineuse liés à l’usage des contraceptifs oraux de troisième et quatrième génération qui constituent encore plus de 20% des ventes, de la prescription de médicaments tératogènes comme le valproate de sodium (Depakine) chez les femmes enceintes ou encore de l’usage de traitement hormonal de la ménopause dont l’effet cancérogène est désormais acquis.

L’ouverture du système de régulation du médicament à la société civile est la condition indispensable pour éviter les dysfonctionnements liés aux liens d’intérêts et au jeu de la concurrence économique des acteurs industriels concernés. Les patients et les usagers doivent participer aux procédures de mise sur le marché et de surveillance de l’utilisation des médicaments.
Le marketing du médicament
L’industrie du médicament et des produits de santé assure la quasi-totalité de la formation continue des médecins prescripteurs. En 2015, plus de 12.000 visiteurs médicaux, salariés de l’industrie pharmaceutique, assuraient la promotion directe du médicament auprès des médecins en ville ou à l’hôpital. Il est pour le moins paradoxal que ces personnels, dont seule une moitié est titulaire d’un diplôme de visiteur médical, assure la formation continue de médecins ayant passé 7 à 12ans d’études à l’université et disposant des revues scientifiques et des documents qui leur sont fournis par la Haute autorité de santé.
Seules l’université et les instances conventionnelles agrées par les pouvoirs publics doivent assurer la formation initiale et continue des prescripteurs, médecins et autres professionnels de santé.

Les produits présentés comme susceptibles d’améliorer la santé sans efficacité démontrée

En décrivant comme médicament « toute substance ou composition présentée (c’est nous qui soulignons) comme possédant des propriétés curatives ou préventives », la rédaction du code de la Santé publique (article L.5111-1) introduit la possibilité de présenter comme médicament des produits dont l’efficacité thérapeutique n’est pas démontrée. Il en est ainsi pour de nombreux produits, dont les produits homéopathiques.

Ces produits, qui peuvent avoir un effet placebo, ne correspondent pas aux exigences de la définition du médicament. Ils sont susceptibles d’entretenir ou de créer des espoirs sans fondements auprès de personnes non informées ou affaiblies par la maladie. Pire, ils peuvent retarder le recours aux thérapeutiques éprouvées. Il faut mettre fin à la promotion de ces produits abusivement qualifiés de médicaments.


Questions

17/ Introduirez-vous les associations de patients et d’usagers dans les instances qui délivrent l’autorisation de mise sur le marché des médicaments et des instances qui surveillent leur efficacité et l’apparition d’effets toxiques ?

18/ Interdirez-vous aux laboratoires pharmaceutiques la promotion de leurs produits par des visiteurs médicaux ?

19/ Vous engagez-vous à donner à l’université et aux instances conventionnelles agrées par les pouvoirs publics l’exclusivité de la formation médicale continue ?

20/ Interdirez-vous toutes les formes de promotion des produits présentés comme susceptibles d’améliorer la santé et dont l’efficacité n’est pas démontrée ?