Définition du problème :
Les membres des sociétés industrielles n'obtiennent plus leur nourriture
avec leurs muscles , ils ont à leur disposition des moteurs et produisent des
excédents de nourriture. Leur survie va dépendre de leur capacité de résistance
à la réduction de leur activité physique et à une alimentation excédentaire. Ce
type de risque est devenu le 4ème responsable de la perte évitable de plus de
200 000 années de vie en France. Il est en grande partie déterminé par le
développement d'une industrie alimentaire qui multiplie les formes de produits
commercialisés et en assure la promotion avec toutes les ressources
intellectuelles et financières des procédures publicitaires. Parallèlement et de
façon paradoxale des excès inverses apparaissent dans certaines professions
(mannequins, modèles) valorisant des maigreurs dangereuses.
Description du contexte, des enjeux, des nécessités
(voir
également l'annexe de cette fiche) :
Les données utiles pour apprécier la gravité du problème et fonder des
choix décisionnels sont disponibles. Précisant le déséquilibre entre une taille
et un poids, l'expression de la notion de surpoids et d'obésité par un indice de
masse corporelle (IMC) s’est imposé. Il s’obtient en divisant le poids exprimé
en kilogrammes par le carré de la taille
exprimée en mètres. Une personne
mesurant 1,70 m et pesant 85 kg a un IMC de 27,7 kg/m2
et il est considéré comme en surpoids, cet indice étant supérieur à 25. Si
son poids est de 95 kg son IMC est de 31kg/m2 il est classé dans les
obèses. Il faut être attentifs aux problèmes de vocabulaire et inclure l'obésité
dans le surpoids quand le terme est utilisé sans autre précision. Si l'on exclut
les obèses d'un dénombrement il faut utiliser l'expression de surpoids simple ou
mieux de surpoids (obèses exclus)
pour les personnes dont
l’IMC est compris entre 25 et 30 kg/m2.
L'étude ObEpi conduite en France depuis 1997 sur une population d'adultes
représentative de la population indique une proportion d'obèse de 12,4%,
toujours croissante sur le dénombrement de 2006 et une proportion de personnes
en surpoids simple de 29,2%. Des critères plus adaptés doivent être utilisés
pour les enfants
, tenant compte de l'âge et du sexe. Une des études
françaises les plus précises portant sur des enfants de plus de 7 ans et de
moins de 10 ans en 2000 indique une proportion d'enfants en surpoids (obèses
inclus) de 18,1% suivant les critères de l'IOTF (International Obesity Task
Force) utilisés pour cette classe d'âge
(surpoids et obésité chez les
enfants de 7 à 9 ans - Katia Castetbon et Marie-Françoise Rolland-Cachera -
rapport CNAM/INSERM/INVS)
Les données disponibles sur les liens entre l'excès de poids et les risques
pour la santé sont documentées depuis près d'un siècle
. Ce sont les
assureurs qui ont été les premiers utilisateurs de cette relation, constatant
que l'obésité s'accompagnait d'une réduction de l'espérance de vie. Les maladies
observées plus fréquemment chez les individus dont le poids est élevé par
rapport à leur taille sont le diabète, certains cancers et les maladies
cardio-vasculaires telles que l'hypertension artérielle et l'athérome.
Il
faut ajouter à ces problèmes de santé physique des conséquences psychologiques
et sociales importantes, liées notamment aux réductions de la mobilité qui
s'accroissent avec l'âge.
Il existe actuellement un consensus scientifique sur le fait que le surpoids ou l'obésité exprimé par l'IMC ne résume pas la complexité des risques liés aux problèmes nutritionnels. Le risque vasculaire est relié statistiquement à la situation de l'excès de graisses au niveau de l'abdomen et la mesure du tour de taille associée à des mesures biologiques telle que les triglycérides permettent d'évaluer ce risque avec précision. Il faut cependant remarquer que cette répartition de la graisse est moins évidente chez le jeune enfant et que les handicaps pour la santé de l'obésité ne se limitent pas au risque vasculaire. Il est donc justifié de commencer par le plus simple et le plus précoce qui est la documentation et l'action concernant le surpoids de l'enfant.
Dans une évaluation de la gravité du problème en termes de sécurité
sanitaire, le point le plus important
est l'évolution de la situation. Si
la proportion de personnes en surpoids ou obèses était stable dans la
population, la lutte contre le surpoids ferait partie d'une routine de
prévention n'appelant pas de mesures nouvelles et n'aurait pas un caractère
d'urgence de santé publique. Ce n'est pas le cas, le développement rapide de ce
problème lui confère un caractère épidémique qui exprime la survenue de facteurs
nouveaux qui ont rompu les équilibres antérieurs. De très nombreuses études ont
documenté ces facteurs et il faut retenir :
- la réduction de l'activité physique, tant dans la vie courante que dans la vie professionnelle, cette réduction apparaît dès l'enfance,
- la modification qualitative de l'apport alimentaire avec :
- une consommation importante dès l'enfance de boissons très sucrées,
- le développement de produits dérivés des aliments de base, difficilement identifiables par les consommateurs en termes d'apports nutritionnels,
- l'augmentation de la proportion de graisses dans l'apport alimentaire
- la perte de la structuration dans le temps et dans l'espace des apports alimentaires. A des repas réguliers en nombre réduit pendant lesquels on ne fait que manger, se substituent des apports alimentaires plus fréquents, irréguliers, allant jusqu'au grignotage continu pendant de longues périodes au cours d'activités qui occupent l'attention (télévision). Ces pratiques perturbent les chronologies biologiques et les cycles normaux de faim et de satiété, donc les sécrétions hormonales, notamment celles qui règlent la glycémie, l'usage et le stockage des aliments.
- l'importance de l'industrialisation de l'alimentation multipliant les produits complexes, difficiles à évaluer dans un objectif de protection de la santé par les consommateurs, promus par une publicité ciblant souvent les enfants et disposant de moyens financiers considérables.
Ces faits nouveaux n'éliminent en rien l'importance des facteurs génétiques et des habitudes familiales dans le développement de l'excédent de poids, mais ils expliquent l'évolution de la situation car ils ont profondément modifié l'équilibre entre l'apport, la régulation et finalement l'utilisation des calories ingérées. Un gramme de graisse tissulaire ne se fabriquant pas à partir de rien, il n'y a pas d'obésité en l'absence d'un déséquilibre installé dans la durée, parfois à un niveau faible mais régulier. Il faut se rappeler qu'il suffit d'un apport excédentaire accroissant le poids de 10 grammes par jour pour "prendre" près de 4 kilos en fin d'année.
Description des difficultés, des solutions possibles :
La difficulté de gestion personnelle des dérives du poids est aggravée par la
promotion irresponsable de critères morphologiques inadaptés, spécifiquement
dans le domaine de la mode féminine. Des créateurs utilisent le corps féminin
comme un porte manteau ou un cintre dépourvu de formes. Pour ne pas avoir à
tenir compte de la réalité d'un corps et privilégier leur production avec
l'égoïsme du créateur, ils assurent la promotion d
e la maigreur (parfois
extrême) qui conduit les imitatrices à adopter des régimes aberrants et à entrer
dans le cycle destructeur de l'anorexie/boulimie. L'initiative espagnole d'une
interdiction de l"usage", car il s'agit bien de l'usage d'un être humain comme
d'un objet, avec un encadrement du poids des mannequins maigres est une mesure
intéressante qu'il faut adopter dans notre pays. Un IMC minimal de
19,
voire 20 kg/
(taille en mètres)2
serait un choix adapté pour lutter contre de telles dérives
instrumentalisant le corps humain au lieu de le valoriser.
Le problème est compliqué par l'intervention de facteurs puissants de
destruction de l'équilibre préexistant. Comme l'industrie chimique,
électronique ou mécanique, l'industrie alimentaire est imaginative et invente en
permanence des produits attrayants pour accroître ses ressources. La rapidité de
l'évolution de l'offre s'accompagne également d'une modification de leur mise à
disposition (distributeurs automatiques, restauration rapide) et de leur
promotion (publicité massive). Tous les ingrédients sont réunis pour mettre au
point une de ces recettes autodestructrices que notre société a les moyens de
s'offrir. Il ne s'agit pas d'exprimer une nostalgie passéiste, nous vivons une
mutation caractérisée par des capacités d'innovation qui indui
sent
des
risques indissociables des services rendus. L'ensemble est trop rapidement
évolutif pour
permettre aux comportements humains de s’adapter
et de
maîtriser
ces changements. La dérive du poids est plus importante dans les classes
sociales les plus défavorisées et comme toujours les mécanismes de
discrimination négative telles que les actions publicitaires vont contribuer à
rendre l'environnement alimentaire incompréhensible, et donc difficilement
gérable par ceux qui sont les moins armés pour intégrer et maîtriser une
évolution de ce type.
Agir avec des actes précis et efficaces à la hauteur des enjeux est une
urgence. Le problème n'est pas nouveau, nous l'avions déjà abordé dans le
rapport de 1989, mais il a été négligé et nous sommes maintenant confrontés à
une situation grave. Notre population vieillit, la dépendance survient plus
précocement chez les personnes en surpoids, les soins sont plus difficiles et
exigent des moyens humains accrus. Programmer pour nos descendants la prise en
charge d'une fraction accrue de personnes âgées dépendantes et obèses serait une
attitude particulièrement irresponsable. Ceux qui supprime
nt les
distributeurs automatiques de nourriture dans les écoles sont sur la bonne voie
mais ils ont déjà 10 longueurs de retard sur l'évolution de la promotion
de tout ce qu'une industrie invente.
Il faut éviter que des intérêts commerciaux conduisent à promouvoir les
comportements à risque. Cela était vrai pour le tabac et toute publicité
pour ce produit a été interdit
. C'est vrai pour l'alcool et une
législation existe, insuffisante et contournée en permanence
. Il faut
instaurer des règles précises pour que la promotion publicitaire de la
nourriture soit encadrée de façon très stricte. Le conditionnement publicitaire
a un seul but, accroître les ventes pour augmenter les bénéfices des producteurs
et
des intermédiaires qui
assurent la commercialis
ation. Les médias assurant la promotion
publicitaire offrent du c
onditionnement humain à ceux qui ont les moyens
de l'acheter, ce n'est pas nous qui le disons, ce sont leurs représentants les
plus éminents. Les "créatifs" des agences de publicité vendent eux leur
intelligence à ceux qui utilisent ces méthodes se situant à l'opposé des
objectifs de l'éducation puisqu'elles se fondent sur la séduction. Ces hommes
sont des destructeurs et non des créateurs et leur laisser le champ libre est
une aberration. La liberté consiste à pouvoir ne pas faire ce qui peut nuire à
autrui et ces acteurs de la vie commerciale sont des nuisibles quand ils
assurent la promotion de produits "illisibles" soigneusement empaquetés dans des
conditionnements aux couleurs vives mais opaques
à la compréhension
et associés à tout ce qui plaît aux enfants, (animaux, animations, figurines
etc.).
Sous estimer ce problème, vouloir le placer dans le champ exclusif des choix personnels reviendrait à refuser de comprendre ce qu'est une épidémie industrielle, c'est à dire une évolution produite en grande partie par des facteurs extérieurs à l'individu, et à refuser de définir notre société comme étant solidaire des moins aptes à se défendre contre de véritables agressions publicitaires disposant de moyens qualitativement et quantitativement sans commune mesure avec ceux de l'éducation. Qualitativement il s'agit de méthodes de séduction et non d'information, quantitativement les sommes utilisées pour orienter la consommation par "l'achat de cerveau humain" sont très supérieures à celles dont dispose le système éducatif pour cet objectif.
Demande précise faite au candidat :
Vous engagez vous
, si vous êtes élu
, à faire établir par
votre gouvernement :
- un
projet de loi visant à interdire toute publicité
par l'image pour les produits transformés et les produits nouveaux complexes ? Une orange, des haricots verts, sont des produits identifiables, comme du pain ou un
poulet. Une barre « machin » sous un emballage d'aluminium coloré est un produit
fabriqué, incontrôlable
quand il est vu sur un écran de télévision ou une affiche. Il ne doit pas être promu par la publicité. - un
projet de loi interdisant l'usage pour la publicité et les présentations de mode d'un corps humain au dessous d'un indice
de masse corporel
le de 20 kg/
(taille en mètres)2 ? On sait peser les boxeurs et les jockeys, il sera encore plus utile de peser les modèles et les mannequins !
Réponse faite par le candidat :
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