INTRODUCTION TABAC ALCOOL
En préambule
Le contrôle de la consommation de l’alcool et du tabac se heurte à des difficultés considérables. Les intérêts particuliers des producteurs, des industriels, des commerçants , des annonceurs et d’une manière plus générale des innombrables lobbys souvent organisés jusque dans l’appareil gouvernemental et parlementaire, s’opposent à la protection de la santé de la population. La mondialisation aggrave encore ce déséquilibre en favorisant le marché et en rendant délicat son contrôle.
La réponse sans détour aux questions que nous posons, et l’application des dispositions nécessaires sur une longue période compte tenu des effets différés sur la santé de la consommation de l’alcool et du tabac, constituent une épreuve de la volonté et de la sincérité des candidats de privilégier la santé publique et de s’opposer aux intérêts particuliers qui lui nuisent
Le contexte
Ces deux produits en vente libre sont responsables d’environ 100 000 décès par an dont environ la moitié avant l’âge de 70 ans. Ils entraînent des souffrances, des handicaps, des invalidités et des incapacités considérables liés aux affections chroniques dont ils sont la cause directe ou le facteur aggravant. L’usage de l’alcool est en outre source de violences qui pèsent sur les catégories les plus fragiles. Ainsi, la consommation d’alcool et de tabac participe au creusement des inégalités sociales de santé et menace notre système de protection sociale.
En terme de politique de santé, les objectifs à atteindre ne sont pas identiques pour les deux produits. Pour le tabac, il n’y a pas de seuil au dessous duquel la consommation serait sans risque sanitaire, le but est donc de tendre à une consommation nulle et de sortir à terme la société de l’usage de ce poison. Pour l’alcool, la consommation des Français est proche de 3 verres par jour (avec 27 grammes d’alcool pur), l’objectif est donc de réduire cette consommation.
L’état des lieux
La réponse aux effets sur la santé de ces deux produits s’est longtemps limitée à une approche individuelle, réparatrice et médicale. Ce n’est que tardivement que les autorités responsables de la santé publique ont pris conscience de l’importance du contrôle de l’offre et de la demande, comme le démontre la Convention Cadre de Lutte Anti Tabac de l’OMS que le Parlement a ratifié en 2004.
La réglementation sur l’alcool est fragmentaire, limitée et obsolète,
réduite essentiellement au code des débits de boissons. La première loi
pour le tabac remonte à 1976 (loi Veil) et pour les deux produits à 1991
(loi Evin).Contrairement à ceux concernant le tabac, les décrets
d’application sur l’alcool ont été vidés de leur substance ou ne
sont pas parus. En outre, deux plans cancer ont, pour le premier tout au
moins, amélioré le contrôle du tabac en passant sous silence celui de
l’alcool dont la carcinogénicité est pourtant parfaitement établie.
Il s’ensuit une absence de politique de santé concernant ces deux
produits, au sens d’un ensemble de dispositions maintenues sur des
décennies et dont la mise en œuvre suppose la mise en mouvement des
corps de contrôle.
La diminution de l’usage de ces deux produits réduit la mortalité qui leur est liée. Ainsi, on observe une réduction différée de la mortalité par cancer du poumon pour le tabac dans les deux sexes (figure 1). Chez les 35-44 ans, cette dernière diminue chez les hommes et augmente chez les femmes (figure 2). De même, on observe une diminution de la mortalité par cancer des voies aérodigestives supérieures pour l’alcool (figure 3 ).Pour réduire l’usage de l’alcool et du tabac et obtenir des effets favorables sur la santé, il faut associer de façon prolongée une diminution de la demande qui suppose des efforts d’éducation sanitaire et un contrôle de l’offre de ces produits nécessitant le concours des pouvoirs publics.
Nous posons aux candidats les questions suivantes sur le tabac :
- alignerez-vous la taxation de tous les produits du tabac (cigares, cigarillos, tabac à rouler, à pipe, à mâcher, à priser, à narguilé)) sur celle des cigarettes ?
- augmenterez-vous chaque année les taxes sur le tabac de façon à obtenir une augmentation annuelle du prix des produits les moins chers d’au moins 10% ?
- taxerez-vous le chiffre d’affaire de l’industrie du tabac ?
- mettrez-vous en œuvre le conditionnement des cigarettes sous la forme d’un paquet neutre sans logo, sans signe de marque, sans texte promotionnel, de couleur unique, comportant le nom de marque imprimée avec une police standardisée et des avertissements sanitaires sur au moins 80% de chaque face, à l’exclusion de toute autre mention graphique ou écrite ?
Nous posons aux candidats les questions suivantes sur l’alcool :
- soumettrez-vous au Parlement une loi encadrant la publicité pour l’alcool tel qu’initialement prévu dans la loi Evin en y ajoutant l’interdiction de la publicité sur l’Internet ?
- découragerez-vous la consommation d’alcool dans un objectif d’amélioration de la santé publique par une taxe spéciale calculée sur la quantité d’alcool pur ?
- modifierez-vous la nature des avertissements obligatoires sur les produits contenant de l’alcool, de façon à prévenir tout consommateur potentiel que « L’alcool est dangereux pour la santé » ?
Figure 1, évolution de la mortalité par cancer du poumon et de la consommation de tabac chez les hommes et les femmes
Figure 2, évolution de la mortalité par cancer du poumon chez les hommes et les femmes de 35 à 44 ans
Figure3, évolution de la mortalité par cancer des voies aérodigestives supérieures et de la consommation d’alcool chez les hommes et les femmes